Les
maquillages, toujours plus massifs, variés et perfectionnés que la société
spectaculaire marchande vomit chaque jour dans nos cerveaux, ne parviennent
à occulter la vérité : la réalité est un cauchemar.
Le monde
se divise principalement en deux classes fondamentalement antagonistes
qui, à l'heure actuelle, ne sont pas encore entrées en guerre ouverte
l'une contre l'autre.
Puisque nous diffusons
ces propos à des lecteurs dont la subjectivité est forcément construite
par la pourriture du discours dominant, il nous semble nécessaire de décrire
brièvement ces deux classes et les rapports réciproques qu'elles entretiennent.

La Bourgeoisie détient
le pouvoir depuis environ deux siècles. Elle est la classe de l'économie
en développement ; la société est sa société.
Elle possède les moyens de production qu'elle fait fonctionner en achetant
la force de travail du prolétaire. Le rôle économique et historique de
la Bourgeoisie se limite à accumuler du capital et, par ce biais, posséder
le monde dans sa totalité.
Aujourd'hui la Bourgeoisie est malade : elle crève sous ses amas de richesses
qu'elle a, d'ailleurs, souvent acquis ou refuser de partager en massacrant
des millions d'individus. Elle voit venir la fin de son règne tandis que
son délire d'accumulation s'annonce finalement comme la mise en péril
de l'humanité.
De plus en plus piégée par les contradictions du système qu'elle a
instauré, le capitalisme, la bourgeoisie fait reposer l'économie mondiale
de ce début de 21e siècle sur des bases toujours plus fragiles.
Sans même évoquer les perspectives désastreuses sur le plan écologique,
force est de constater, en effet, que les plus grosses sommes monétaires
ne participent plus au cycle de la production, elles sont en marge. Prisonniers
de sphères autonomes, les actifs financiers sont à la merci des comportements
irrationnels des places boursières du monde entier. Du jour au lendemain
le système économique planétaire peut s'effondrer à la suite d'un crack
boursier.
La Bourgeoisie subit la plus grande crise qu'elle n'a jamais connu car
tout aujourd'hui joue contre sa sécurité. Sans tenir compte de l'état
du monde, véritable réquisitoire contre ses exactions, la Bourgeoisie
poursuit envers et contre tout sa course sur le chemin de la démesure.
L'époque actuelle nous offre la preuve que la Bourgeoisie est la classe
de l'organisation du suicide général.
Rien ne pourra l'arrêter sauf la force de la révolution prolétarienne.

Le Prolétariat regroupe,
dans les pays industriels, l'immense majorité de la population et ne cesse
de croître, dans le reste du monde, proportionnellement au développement
de l'économie marchande.
Tout prolétaire est contraint, pour survivre, de vendre sa force de travail
au Bourgeois car elle est tout ce qu'il possède fondamentalement.
Qu'il soit ouvrier, employé ou travailleur intellectuel, le prolétaire
obéit aux impératifs que lui dicte la Bourgeoisie : comme producteur il
édifie le monde que lui commande la classe dominante, en tant que consommateur
il a pour fonction d'écouler la production dans l'unique but de pérenniser
le système capitaliste. Le Prolétariat est donc la classe de ceux qui
n'ont aucun pouvoir sur l'emploi de leur vie.
Voilà plus de 200 ans que la classe ouvrière mène des guerres contre la
domination de classe en ne rencontrant finalement que défaite après défaite.
Vaincu férocement par la Bourgeoisie au 19e siècle, dérouté par les contre-révolutions
(le Léninisme, le fascisme et le nazisme) et traumatisé par la menace
de l'arme nucléaire, le prolétariat est aujourd'hui majoritairement atomisé,
précarisé et décervelé.
Le
rapport social généralisé est le spectacle (concept défini par Guy
Debord), qui n'a pu se développer que sur le pourrissement des conditions
révolutionnaires : la domination de la marchandise dans tous les domaines
de l'existence a conduit une partie du capital à prendre la forme d'images
et à se substituer à toute vie sociale libre.
En d'autres termes, le capitalisme a fait sa
propriété de l'ensemble de ce que constitue
la vie.
Dans ces conditions,
les hommes soumis à l'économie ne peuvent participer que passivement au
fonctionnement de la société. "Tout
ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation."
Les nouveaux marchés du capitalisme sont les cerveaux des milliards
d'individus exploités. A mesure que la société spectaculaire-marchande
se consolide, la subjectivité individuelle s'uniformise pour ne devenir
que le capital du vécu décédé.
En matière de clonage comportemental et d'homogénéisation du vécu individuel,
la jeune génération prolétarienne est la cible la plus facile à atteindre.
Abrutis par les médias, conditionnés par un système économique qui capture
leur imagination pour en faire un produit, les jeunes prolétaires ne peuvent
même plus se targuer de posséder une identité.
L' apparence du non-engagement volontaire de cette génération cache sa
misère absolue d'être en marge de la vie dès la naissance.
C'est
sur la base de ces rapports de classes que la Bourgeoisie lance aujourd'hui
partout dans le monde un assaut des plus dévastateurs contre les classes
populaires.
La situation mondiale est désastreuse : face à un prolétariat désorganisé,
sans conscience révolutionnaire, les capitalistes affinent leur dispositif
pour réduire massivement le coût du travail. En Occident, l'attaque s'opère
contre tout ce qui n'était pas, au terme d'un compromis entre les patrons
et les travailleurs, soumis aux lois du marché sans lois (le libéralisme).
Les services publics, le système de retraite par répartition, la protection
sociale sont menacés de disparaître. Tout ce qui pouvait encore servir
de protection au travailleur dans le code du travail va être réduit à
néant. Les mesures pour recentrer l'existence sur l'économie devenue
folle s'appliquent peu à peu (loi des 35 heures en France).
Parallèlement, l'Etat éclipse son rôle de régulateur de l'économie pour
intensifier ses fonctions de contrôle social et policier.
Tout
annonce, par conséquent, l'avènement de
l'âge de la survie en milieu extrême
ou, plus précisément, l'ère de la Barbarie.

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