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Septembre 2002 SKYROCK, LA VOIX DE SON MAITRE
" Je vais devoir rendre l'impertinence solvable... " Pierre
Bellanger, Pdg de Skyrock,
Emmanuel
Berretta, "Skyrock, la radio des bad boys", |
Tout
part d'une loi, au premier abord contraignante pour les radios françaises,
mais qui va vite se révéler pour Skyrock une véritable
aubaine. "La proportion substancielle d'oeuvres musicales, créées ou interprétées par des auteurs et artistes français ou francophones, doit atteindre (...) un minimum de 40% de chansons d'expression française, dont la moitié au moins provenant de nouveaux talents ou de nouvelles productions..." Article 28 de la loi (du 30 septembre 1986) modifiée le 1er février 1994 par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel Le magazine Broadcast du 20 janvier 1999 confirme d'ailleurs bien que cette loi adoptée par le CSA a avant tout été "élaborée pour favoriser une meilleure exposition des artistes francophones et des nouveaux talents".
Historique
et motivations opportunistes.
Les observateurs avertis ont pu noter, sans grande surprise, le réel décollage du rap français à partir de cette année 1994. Souvenez-vous : "1994, Je danse le Mia propulse IAM à la tête des hit-parades" relate le journal Libération (du 26 janvier 1999). Et l'année suivante, "l'industrie du disque salue Solaar (meilleur artiste de l'année) et IAM (meilleur groupe de l'année)" aux Victoires de la musique. Dans
la foulée, 1996 marque le changement de programmation de la radio
Skyrock.
Pierre
Bellanger, Pdg de Skyrock, ne nie d'ailleurs pas ce
choix purement stratégique pour la survie de sa station. Et pour tous ceux qui imaginaient encore un quelconque militantisme Hip-Hop de la part du "gentil Pdg" Bellanger, la triste réalité éclate d'autant plus brutalement : "Jamais la nouvelle génération n'a disposé d'autant d'argent de poche. Or elle n'a aucune charge sur le dos. Ce qui signifie que tout l'argent des jeunes est dépensé en conneries. Ajoutez à cela que leur parole est primordiale lorsque la famille décide d'acheter du matériel électronique, informatique ou audiovisuel..." (propos du Pdg de Skyrock publiés dans Le Point du 31 août 2001). Cet argumentaire visant exclusivement à séduire les annonceurs publicitaires rappelle que la station considère avant tout ses auditeurs comme des consommateurs.
Pour
le rap business.
Cette
promesse réconfortante faite aux industriels qui vont pouvoir
refourguer leur camelotte ne peut s'accompagner, de la part de la radio,
que d'une recherche de conditionnement total de son auditorat à
la consommation. Les
exemples ne manquent pas pour attester de cet abêtissemment. Le
rap, c'est un business considérable.
Au delà des classiques espaces publicitaires, la radio a privilégié les partenariats commerciaux annoncés à l'antenne. Cette forme nouvelle de promotion se fait ainsi en intégrant le contenu des émissions. Les animateurs ne sont plus de simples saltimbanques, mais d'efficaces représentants de commerce.
A travers ces divers éclairages, on comprend mieux pourquoi a été tant salué dans la presse le passage de Skyrock "au rang de première radio de France auprès des 15-24 ans".
Quand
la démocratie est prise en main par les marchands.
Pour maîtriser ceux qu'on considère comme des moutons, on n'a jamais fait mieux qu'un bon berger. Sous la houlette du "Grand frère Difool" (titre d'un article très élogieux paru dans le magazine L'Express du 25 janvier 2001), "le jeune", cible du marketing des requins-programmateurs-marchands, n'a qu'à bien se tenir ! Au
delà des sérieuses mises en garde du CSA en fin d'année
2000 pour "débordements", "l'irrévérencieux"
animateur (qui est surtout directeur d'antenne) soutient éduquer
les masses. Cette
foudre maîtrisée qui s'est abattue sur lui a bel et bien
servi une entreprise concertée.
C'est
ce qui lui permettait dernièrement de lancer une grande campagne
gouvernementale dans une action commune (avec Le Monde et Le
Point) nommée "Bouge ton vote". La radio prouve dès lors que, cette "confiance" acquise auprès des jeunes, elle la solde sans complexes, comme le reste, à son meilleur partenaire : l'Etat. "On ne pouvait rêver meilleur vecteur de communication civique. Entre techno et rap, la radio Skyrock, porte-voix branché des moins de 25 ans, qui fut même accusée par le CSA de pervertir les ados, se propose de les ramener dans le droit chemin. Et se lance à l'assaut des jeunes... électeurs." (Le Point, 23 novembre 2001) Quand on sait vendre des produits en tout genre à de jeunes auditeurs rebelles et instables, il faut croire qu'on est aussi capable de leur vendre le passage aux urnes comme la marque d'une nouvelle attitude "jeune". L'Histoire nous aura appris que le passage de l'extrême droite au second tour des élections présidentielles de 2002 n'aura été qu'une justification de plus. Une justification au soutien appelé très largement pour, en apparence, "contrer l'extrême droite". Mais surtout une justification au soutien unanime pour légitimer le fonctionnement actuel de notre pseudo "démocratie".
Plus
d'audience et de soutien pour le Libéralisme. On se souvient aussi de la grande campagne lancée par Skyrock pour l'acquisition d'un nombre plus important de fréquences... Nombre de rappeurs se sont empressés de signer cette pétition sans en connaître la réelle signification. Kool
Shen, Joey Starr, Mc Solaar, Akhenaton, Shurik'n, Fonky Family, Passi,
Stomy Bugsy, Doc Gynéco, Arsenik sont de ceux qui ont apporté
leur soutien à cette campagne nationale nommée "Plus
de fréquences pour Skyrock !!!" "Plus de Sky, plus de rap, plus de fréquence pour la radio n°1, qu'on se le disent, on roule avec Skyrock." Arsenïk A lire la petite paraphe d'Arsenïk sur cette pétition, on comprend clairement les intérêts communs qui se sont dégagés de cette campagne. Ces "rappeurs à succès" ne sont assurément pas du genre à mordre la main qui les nourrit, mais plutôt à la lécher...
Sauf que, comme le souligne lui-même le président du CSA, Hervé Bourges, réprimendant Pierre Bellanger (au cours d'un entretien publié dans un magazine pour les professionnels de l'audiovisuel nommé Broadcast, le 20 janvier 1999) : "le développement de la station est plafonné, vous le savez bien, tant qu'elle fait partie d'un groupe, le groupe Lagardère, qui a atteint le seuil anti-concentration fixé par la loi, et qui ne peut plus désormais obtenir de nouvelle fréquence..." Il est intéressant de savoir que tous ces rappeurs se sont faits complices d'une pression concentrationnelle et anti-concurrentielle téléguidée par le grand groupe Matra Hachette - Lagardère (marchand d'armes notoire), qui, depuis, a revendu ses parts du réseau Skyrock pour acquérir de nouvelles fréquences... Il faut croire que ces "artistes" ne sont plus à ça près... Après s'être autrement compromis dans l'acceptation de la commercialisation de leur art et mode de vie, ils acceptent les richesses matérielles que Skyrock, entre autre, leur procure, et qu'ils étalent d'autant plus violemment à la face de leur auditoire qu'elles sont fondamentalement illégitimes...
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