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Rapaces

" Portrait "


Portrait d'une époque où s'entrechoquent
Provocations et aspirations réciproques.
Le bilan concret est sans équivoque :
Toujours pour le compte des populations qui suffoquent.

Tandis que les politiques séduisent,
infantilisent, avalisent et privatisent,
Les populations atoniques réélisent,
produisent et agonisent.

Tandis que les religions, les églises
évangélisent, culpabilisent et radicalisent,
Les organes de répression neutralisent,
brutalisent et pénalisent.

Tandis que le rap-showbiz poétise,
pactise, esthétise la bêtise.
Rien n'échappe aux marchandises,
aux marchés qui précarisent et dévalisent.

Tandis que les médias stigmatisent,
aromatisent, canalysent et normalisent,
Les entreprises se déploient, technicisent,
épuisent et rentabilisent.

Portrait d'une époque où s'entrechoquent
Provocations et aspirations réciproques.
Le bilan concret est sans équivoque :
Toujours pour le compte des populations qui suffoquent.

Une époque en toc, où plus rien ne choque,
Où des médiocres croquent le globe, se moquent
De notre sort mortel, nous transforment en fantômes
Tels des porcs aux poubelles qui dévorent nos mômes.

Syndicats qui baissent le froc, MEDEF qui joue les cracs
Passent ses lois scélérates : code du travail en miettes.
L’oligarque, qui provoque, gouverne à coup de matraques
Traque la peau mate du sans-papiers à l’aveuglette.

Traders de Clearstream, escrocs de l’UIMPP,
Aux arrières du régime, fomentent les contre réformes.
Et la masse trime sous les crocs de l’UMP
Avec la misère en prime, la démence de l’uniforme…

Pendant que le prolétaire s’illusionne,
S’abandonne aux tonnes de toc qu’il façonne
L’homme d’affaire fusionne, empoisonne,
Emprisonne, fanfaronne et patronne...

Portrait d’une ère où s’affairent
Les ambitions d’une réaction délétère.
Les temps désormais sont de calvaire
Pour tous, gonfle la spéculation boursière.

Lehman qui s’étale, ricains qui frisent la banqueroute
La panne est générale, le rupin, en crise, doute.
Mais le bourgeois s’accroche, ne dévie pas de sa route
Insane, il empoche, pille, saccage, en rajoute.

L’Etat ouvre les vannes, coulent les dollars à flot
L’argent détrousse les foules, et se condamne dans le lot.
Lentement les secousses deviennent le mortier du laminoir.
Le capital se coupe les veines pour continuer de boire.

De l’arène spectaculaire, vocifèrent les experts,
Managers en sursis, actionnaires à l’agonie.
En de vaines prières financières, ces rats espèrent
Ne pas expirer en d’émeutières cérémonies.

Pendant que le nanti se débine
Baratine, affine ses combines et fulmine.
Ses tyrans bandits, incriminent, rapinent,
Exterminent, ruinent officines et usines.

Portrait d’une ère où se resserrent
Les contradictions d’une réaction délétère.
Les temps désormais imposent l’enfer
Pour tous, gronde la répression militaire.

La machine à chômeurs fonctionne en sur-régime
La vermine affameur rationne, assure ses crimes
D’une arrogance infâme frime. Mais le trimeur rumine
la vengeance sublime d’une vigueur assassine.

Assemblées populaires contre dictatures policières
La commune de Oaxaca se dressa jusqu’à l’échec.
Est restée la colère contre les raclures tortionnaires
Et la rue reprit ses fracas grâce à la jeunesse grecque.

Un vent fort sonne le gong des écorchés du monde.
L’aube salutaire éclot aux monts de la résolution.
De Téhéran à Ssanyong, s’exporte à mort l’onde
Autogestionnaire des fronts de l’insurrection.

Pendant qu’au G20 de riches vampires
Délirent, soupirent, conspirent le pire.
Exsangue, sans pain, leurs martyres
Aspirent à assaillir l’empire.

Portrait d’une ère où s’éclaire
La punition d’une réaction délétère.
Les temps désormais sont au tonnerre
De tous, monte la révolution ouvrière.

 

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