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COMMUNIQUE N°13

Août 2005


ODE IMPROMPTUE AU TOCSIN PROLETARIEN

 

 

1. Le référendum français sur le traité pour une constitution européenne a eu pour unique but de faire avaliser par les masses le programme de leur extermination. Ce programme est l’expression la plus aboutie de la position suicidaire de la bourgeoisie, qui, en Europe comme partout dans le monde, n’a d’autre choix que de détruire la civilisation pour espérer perdurer. Cette fuite en avant est sans lendemain puisque l’anéantissement des bases biologiques du Capitalisme qu’elle engendre correspond à la mise à mort de l’humanité.


2. La constitution européenne, qu’il s’est agi d’avaliser, est en soi l’aveu institutionnel qu’une période de plus de deux siècles dominée par le droit démocratique est achevée. Le mot d’ordre contenu dans ce manuel de guerre anti-prolétarienne est "la démocratie bourgeoise doit mourir pour que les mesures de sauvegarde de la classe dominante s’appliquent". Le règne du capital ne peut plus se permettre de tolérer les quelques libertés jusqu’à présent concédées à ses sujets. La bourgeoisie considère désormais que seule la dictature peut encore assurer la viabilité de ses intérêts. Le modèle tyrannique expérimenté à différents degrés notamment en Chine, Italie, Russie, et aux Etats-Unis d’Amérique est appelé à servir d’unique mode de gestion des peuples sur l’ensemble de la planète. Par une incontournable consultation démocratique, qui se voulait aussi la dernière, les Français ont été sommés de réclamer l’instauration définitive du régime bureaucratique de la dictature du capital suicidaire sur le continent européen.


3. L’immonde propagande pour la victoire de la tyrannie portée par toute la panoplie des produits du Spectacle (du menaçant José-Manuel Barroso à l’obéissant Johnny Hallyday, en passant notamment par l’hystérique Cohn-Bendit et les bataillons disciplinés des journalistes) trahit ce simple fait que ces figures rassurantes, qu’elles soient employées à la gestion communicante de la société de classe, au divertissement ou à la critique spectaculaire, n’ont aucune difficulté à glorifier ordinairement l’apocalypse. C’est bien leur nature profonde d’objets humains invariablement voués à louer l’ordre des choses que ces robosapiens ont tranquillement continué de révéler lors, cette fois-ci, d’un exercice médiatique aux enjeux cruciaux. La fonction totalitaire de ces détenteurs du monopole de l’apparence, qui consiste à maintenir criminellement les exploités dans la passivité, ne peut que se conforter dans la venue d’un ordre caractérisé par le monopole du crime en tout.


4. Quelques sbires du Capitalisme, plus ou moins attitrés, ont porté sur la scène spectaculaire les positions radicales affûtées à la lutte des classes, et dorénavant défendues par une majorité de prolétaires, pour mieux les déformer dans l’arène de la mascarade médiatique. Tout a ainsi été exprimé par les spécialistes de la ressuscitée représentation prolétarienne pour relayer le croissant mouvement contre-offensif des masses sauf, bien évidemment, la vérité. De leur bouche, rien n’a expliqué pourquoi la classe dominante a déclenché la guerre de classe définitive et en quoi la constitution européenne a été conçue comme son arme de destruction massive destinée à assurer l’intensification irréversible de la catastrophe en cours.


5. La campagne pour "le non de gauche", orchestrée par l’alliance des appareils opportunistes PS-PC-LCR et leurs relais associatifs tels Copernic et ATTAC, a visé d’abord à remodeler le masque éhonté du réformisme en préparant un éventuel appui d’urgence, déguisé en un rafistolage alternatif, à des bases dictatoriales encore trop exposées aux frappes populaires. Du coup, ces mercenaires patentés de l’impérialisme déchaîné, massivement discrédités par l’efficacité gouvernementale répétée qu’ils ont su mettre en œuvre pour aggraver l’exploitation capitaliste ces 20 dernières années, ont joué les révolutionnaires bien élevés, pourfendeurs du "capitalisme libéral", en s’évertuant à déterrer le cadavre putréfié du Keynésianisme. Survoltés par la panique montante chez les classes moyennes et la petite bourgeoisie que la prolétarisation gagne sans relâche, les déchets de la gauche plurielle ont tenté de remédier à l’inutilité politique à laquelle ils sont condamnés en décrétant l’euphorie propre aux grands moments historiques, moments desquels ils seront, à l’avenir, irrémédiablement écartés. Car, à l’inverse de leurs déclamations, ces vigiles de la colère ont accompli, à cette occasion, l’une de leurs dernières missions : demain, le système assis sur la terreur n’aura plus besoin de leur si fidèle obstination à tout éteindre. Quant aux exploités, ils n’utilisent plus qu’électoralement la gauche, quand ils votent, avec toujours moins d’illusions et dans la stratégie de manier tous les outils dont ils disposent, y compris les moins fiables, pour retarder la construction de la catastrophe, le temps que se forge l’organisation révolutionnaire dont ils ont besoin. Déjà, à la vue des rues désertées par les masses au soir du 29 mai, quelques inquiétudes venaient troubler l’inauguration festive du bloc électoral de la gauche citoyenniste...


6. Dans une telle situation de saut qualitatif vers la systématisation de l’horreur à l’initiative de la haute bourgeoisie, le clivage oppose tous ceux que le nouvel ordre prévoit d’éliminer aux formes les plus perfectionnées des capitalistes. D’un côté le prolétariat, appelé à disparaître en se mutant en une sous classe d’esclaves, côtoie les composantes nationalistes ou souverainistes désormais arriérées de la petite bourgeoisie et de la bourgeoisie dont l’oligarchie financière a décidé de se délester une bonne fois pour toute. De l’autre, les fractions mutantes des classes moyennes appuient les sphères financières élevées et la grande propriété du capital. Cette configuration, rendue possible par la prise de risque assumée par la classe dominante, a présenté la singulière vertu de clarifier les positions dirigeantes dans certains appareils politiques tel le grotesque Parti Socialiste, contraint de s’acharner à revendiquer la défense des intérêts de la domination au risque d’imploser, tout comme la pitoyable UDF qui, faute d’être un ersatz d’opposition, n’en reste pas moins une véritable organisation de la moderne bourgeoisie.


7. Les résultats à ce qui devait être un plébiscite ont exprimé spectaculairement les bouleversements majeurs sur le champ de la lutte des classes ces dernières années : par une politique de table rase, la bourgeoisie furibonde a réveillé une classe prolétarienne que d’aucuns croyaient définitivement anesthésiée voire assassinée par le poison marchand. Cette victoire du "non" a sonné le tocsin pour une contre offensive révolutionnaire. En se saisissant massivement du bulletin de vote, allant jusqu’à inverser les tendances des taux de participation constatées depuis des années, les 80% des ouvriers et les 70% de salariés votants se sont consciemment servi d’un tel mode d’expression périmé parce qu’il était, cette fois-ci, dépouillé des périls auxquels conduit inéluctablement la délégation de pouvoir. Mais ces pauvres si mal éduqués ont surtout pris la responsabilité de résister jusque dans l’isoloir au matraquage haineux de la putasserie bourgeoise, de braver l’avalanche des menaces alarmantes et les appels solennels des institutions. Par ce geste, le prolétariat a hurlé à la gueule de la bourgeoisie sa ferme intention de redevenir une classe pour soi. Cet affrontement dans les urnes renferme des hurlements révolutionnaires en gestation ne demandant qu’à éclater comme des grenades et des fusils. Ont ainsi été confirmées les mutations profondes observées dans les combats de classe ces derniers temps où la radicalisation d’une partie croissante des travailleurs et de la jeunesse ne cesse de s’intensifier.


8. Pour la première fois depuis longtemps, l’intimité sociale, cette dimension individuelle qui, dans l’isolement, capte en silence la souffrance découlant de l’empêchement à la réalisation personnelle doublé des humiliations quotidiennes sans réponses propres à la condition d’exploité, a voulu s’exprimer politiquement. Par ce fait, la communauté de classe est réactivée car l’acte individuel doit se changer en frappe collective, seule garante de l’efficacité du coup à porter. Ce renouement avec l’affirmation classiste accompagne les premiers balbutiements d’un langage prolétarien en redécouverte.


9. Derrière l’idée imprécise de l’exception française largement popularisée pour expliquer la posture du "seul contre tous" qu’impliquait la victoire du non, c’est bien la seule tradition valable, la tradition révolutionnaire, qui a servi d’ultime repère dans un monde où l’effacement de la mémoire est systématique depuis longtemps : ce qui revient à dire que ce qui est nié le plus est en fait ce qu’il y a de plus sûr. Les exploits des ancêtres affranchis sont une référence si puissante qu’ils appuient le refus d’un ordre totalitaire, malgré l’absence de leur évocation consciente, en dépit de leur négation par les dominants.


10. Le délire criard dont la bourgeoisie est atteinte marque l’apogée de l’incommunicabilité : le dialogue spectaculaire s’est muté en discours trempé dans la stupidité la plus animale parce que la classe au pouvoir n’a plus rien à dire du tout. La société spectaculaire marchande, impuissante à continuer la dynamique de la contre révolution marchandiste impulsée dans les années 70, n’est porteuse d’aucun réel projet collectif, même plus un succédané de dessein fédérateur comme de ceux qu’elle savait si bien distiller jusque récemment : de la conquête de l’Espace pour tous, en passant par le bonheur consommatoire sous protection de "l’Etat providence", la réalisation par le savoir universalisé et les loisirs dans un monde de confort. Les conséquences des nuisances, devenues impossibles à dissimuler, ont rattrapé les dominants alors qu’ils étaient enfin persuadés qu’après une longue période de formatage profond des spectateurs aux démences du capital victorieux chacun allait revendiquer logiquement la terreur mensongère.


11. A mesure que ses méthodes éprouvées anéantissaient toujours plus efficacement les résistances à sa politique, la classe capitaliste a fini par ne regarder le monde que comme elle le montre. Cet enfermement narcissique fut tellement hâté par les exactions envahissantes de l’avant-garde de la bêtise que la bourgeoisie s’est convaincue de ne voir dans le bétail humain que des débiles en puissance, férus de football, de "télé-réalité" et domestiqués au point de périr sans l’arsenal des prothèses marchandes, éradicatrices de toute intelligence, dont elle les a appareillés. La vérité est donc faite sur l’effondrement des illusions à l’œuvre dans tous les domaines depuis au moins deux décennies : ce processus n’a pas reflété les dernières convulsions du cadavre de la conscience promis à servir de cobaye à l’édification d’un univers de Zombis. L’accumulation linéaire de la désillusion est le signe de la maturation politique du prolétariat. Mais ce processus ne s’exécutant que par dépit, les positions prolétariennes jusque là principalement défensives et éclatées l’attestent, la classe de la collaboration ne se convertie lentement à l’assassinat de son proxénète capitaliste que parce que la réalité l’oblige toujours plus durement à réaliser qu’il la mène à sa propre perte. L’illusion spectaculaire-marchande n’est encore combattue qu’à la périphérie des dégâts qu’elle produit, le centre de la fascination reste à démolir. Aussi, il semble de plus en plus évident que l’humanité ne sortira du capitalisme que parce qu’elle y sera contrainte en vue d’assurer la survie de l’espèce. Pour la première fois dans l’Histoire, la révolution ne se définit plus comme la transition vers le meilleur des mondes mais se présente trivialement en issue de secours de l’enfer.


12. Le contrat dictatorial que les maîtres ont expressément sommé de signer a été perçu comme l’affront de trop, s’inscrivant dans une dynamique insupportable qui impose obstinément le triomphe de l’absurde par des contre réformes ravageuses, et ce, malgré les milliers de grèves et les millions de manifestants. Les institutions sont alors mises à nues ; l’Etat ne peut plus apparaître totalement qu’en tant que ce qu’il est foncièrement : l’instrument de paralysie suicidaire de l’Histoire orné de l’affirmation mensongère de l’unité.


13. A la suite de l’officialisation de leur défaite, les propriétaires du système ont souhaité vomir leur fureur par ces insultes enfiellées et ces calomnies primitives qu’ils ont coutume de déverser sur le peuple quand celui-ci n’obéit plus et que sa pacification devient impérieuse. Ces ignominies, dignes des envolées hitlériennes et des communiqués pinochétistes, ont dressé le portrait de l’ennemi à abattre, le prolétariat, en dépeignant les électeurs du non, "bac +2 maximum", tels des abrutis accumulant les tares culturelles, intellectuelles et sociales que le cliché du "beauf" véhicule habituellement pour susciter les sarcasmes décontractés dans les salons huppés. Le comble de cette fièvre vengeresse fut atteint quand, dans un sondage volontairement tronqué, la clique journalistico-politicienne a prétendu trouver la preuve que le vote contestataire n’était que l’affermissement de la xénophobie chez les pauvres (http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=37720). Dans cet élan, il a été de bon ton d’intervenir sur les médias de service public en comparant la "France d’en bas" aux SA du Troisième Reich. Ce venin puant et mal contenu, craché de la gueule pourrie de l’élite, a rapidement levé les derniers doutes sur les motifs réels de la tenue de ce référendum et brusquement renseigné sur le jusqu’auboutisme de la classe dominante, qui face à la démonstration de son illégitimité, ne peut se conforter que dans la guerre sociale.


14. En s’apercevant de l’échec des dispositifs de soumission, supposés infaillibles, qu’elle a continuellement perfectionnés depuis l’avènement de la société du Spectacle, la bourgeoisie découvre avec aversion que la rébellion n’est pas l’attribut résiduel de quelques secteurs mais qu’elle couve partout. De plus, l’enjeu étant la survie du capital, les dominants ne peuvent concevoir qu’un quelconque retard, encore moins un blocage, ne vienne contrecarrer les plans d’instauration de la dictature se conformant aux nouvelles conditions d’extraction de la survaleur. Le piège démocratique s’est retourné contre ses instigateurs en démocratie du piège. Dans ces circonstances, la bureaucratie nationale, alliée aux institutions européennes, s’est décrétée officieusement en état de siège afin de prolonger, coûte que coûte, la chute vers l’abîme. Mais l’accélération urgente de la mise en conformité de l’espace social et des institutions avec les impératifs de valorisation du capital ne peut se faire sans la plus intense des brutalités. C’est pour répondre à cette demande de férocité bourgeoise que le gouvernement de crise actuel s’est formé au sortir du 29 mai. Un premier ministre fantoche, caricature de sentimentalisme poétique et de diplomatie douce, joue les faire valoir de l’homme désigné par les plus hautes sphères du patronat et de la Finance pour faire rentrer par la terreur la population dans les tenailles meurtrières de la surexploitation. Anticommuniste primaire, de ceux qui ont senti de près les foudres de la colère prolétarienne, Nicolas Sarkozy est le symbole personnifié du fanatisme suicidaire caractéristique de la présente haute bourgeoisie. Missionné pour abattre l’ennemi prolétarien, cet aristocrate n’est rien d’autre qu’une mixture de dictateur improvisée, où s’agglomèrent maladroitement les singularités de Pétain, d’Hitler et de Mussolini, marquée ainsi de vulgaires dissonances anachroniques, que seules des contorsions permanentes en communication peuvent tenter d’atténuer. C’est d’ailleurs à cette tâche que l’ensemble des médias est enrôlé, fournissant l’accès incessant aux cerveaux dont ce pantin a besoin pour les abasourdir de menaces colériques alternées de discours sécurisants. Jacter, discourir, communiquer pour mieux hâter l’inertie de celui sur qui l’on porte des coups mortels, tel est bien le sens de l’action politique de cet enragé de l’apocalypse, général de l’Internationale Suicidaire en France.


15. Sitôt leur débâcle avérée, les penseurs à gage chargés de faire feu à volonté afin d’imposer le "Oui" se sont travestis en pompiers de l’Histoire, étouffant sous les ronflements quotidiens du présent perpétuel l’événement qui venait de leur être volé par les masses. A la mesure de ce négationnisme qui accompagne la terreur revigorée par la haine revancharde des possédants, la lutte prolétarienne autonome doit s’acharner à se défaire des positions catégorielles, polluées par l’idéologie professionnelle et bientôt gangrenées par les charognards communautaristes. Cette tâche ne pourra déboucher sur une crise révolutionnaire à la hauteur des problématiques vitales de l’époque que si elle s’appuie sur une refondation critique de l’idée de Révolution, sans complaisance avec les illusions millénaristes ni avec les spécialistes de la contestation qui lui inoculent la peste bureaucratique et le cancer affairiste. Le Parti de la dernière chance reste à construire.
Aux adeptes du consensus criminel, des seigneurs tranquilles du Groupe Bilderberg jusqu’aux inutiles intellos poussiéreux de la sénile ultra gauche, les exploités viennent d’infliger un démenti cinglant : l’intelligence subversive s’est permise d’annoncer son réveil par les canaux officiels en brisant, au passage, la chaîne des solidarités arrogantes du fatalisme. Le chemin sinueux vers l’abolition de la société de classe est en passe d’être redécouvert. L’esclavage, à l’aube du cataclysme écologique, menace. Nous n’avons plus d’autre choix que la liberté ou la mort.


 

 

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