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Mars 2002
"Tout baigne, même pour les gens qui se plaignent. Aujourd'hui personne ne revendique dans le posse de Menelik. De la vie à ce jour nous ne ferons aucune critique..." Menelik Chacun
a en tête, pour les avoir suffisament entendus, les fameux refrains
tant décriés du rap français, ceux à vocation
ouvertement commerciale. "Chaud, on fait notre entrée dans l'business show. Anti-facho, les re-nois au crane chauve sont chauds, ramènent les faux à l'échafaud. Il faut différencier le vrai du faux." Mafia K'1fri
Il y aurait ainsi le rap des "faux", clairement identifié par des textes édulcorés, festifs, standardisés et consensuels (qui appuient le consensus, qui appellent à la paix sociale). Et il y aurait, par opposition, le rap des "vrais", venant des coeurs les plus meurtris, exprimant les sentiments les plus profonds et les plus authentiques (qui remettent en question par essence l'ordre des choses)... Bien qu'elle soit simple et séduisante, nous ne soutenons pas cette thèse.
Car
au delà des rôles différenciés que jouent
les tenants du rap français actuel, il y a une flagrante unité. Cela
se note dans le choix des thèmes abordés, très
souvent fictifs et inconsistants. Les
vertus de la gloire et de l'argent, comme moyen de promotion sociale
et d'accès à la consommation de luxe (la "bitch
de magazine beaucoup plus bonne que la plus bonne de tes copines"
en faisant partie),
y sont en effet louées massivement. |
1)
La gloire
Il suffit d'écouter attentivement les appels maladroits de nombreux rappeurs pour comprendre la pauvreté existentielle dans laquelle sont plongés ces personnages censés représenter une part grandissante de la jeunesse. La
soif de reconnaissance est une des dominantes de leur discours, tout
comme l'est
leur individualisme et leur matérialisme notoires. "Mec, faute d'avoir la gloire, j'veux la reconnaissance..." Arsenik "J'suis un bosseur qui protège ses arrières. Ma carrière, je la vois longue et vitaminée..." Driver "J'rappe pareil dans l'underground que d'vant une foule de prolos ! J'veux l'gros lot..." Triptik
"Faut qu'on devienne des superstars puisque le rap ça pèse..." La Brigade "J'ai pas d'gen-ar mais je s'rai une star ! Faut qu'j'm'en sorte par n'importe quel moyen avant qu'il n'soit trop tard. A la radio, j'dépasse les quotas. Faut pas d'rotte-ca ! Papotte pas, donne le cash, ferme ta gueule sinon ça se-ca." Stor-K "J'suis sur toutes les radios, j'ai des clips vidéo, on s'échange mes démos, j'ai une putain d'promo. Un riche en sursis : toi même tu sais que Secteur A m'appuie." Doc Gynéco "La foule, les claps et les flashs... Tu t'fous dans les clips et les pages. Les portes s'ouvrent, négro, en couv' du RER et du Black Match du mois. Voila l'Platine du mois avec lequel tu pètes dans la soie. Voila la belle vie t'porte au Top Virgin - Fnac. Des meufs que tu pètes à tout va ! Business, victoire et lliass-ca..." Passi "Sûrement qu'un d'ces jours, on verra ma tête en première page, piègé par les paparazzi..." La Clinique "J'passe de studio en promo, j'suis l'gosse-beau sur des photos..." Sniper "Regarde moi ! J'traîne avec des sapes toutes neuves ! Autographes pour toujours, regards en coin des meufs. Et sur la tête de ma reum', j'aurai des patates ! Le but est l'cash, vivre large avec des ma-fats..." Les Sages Poètes de la Rue "J'ai mille et une filles qui sonnent à ma porte, voulant qu'j'descende, souffrant des conséquences de ma présence de janvier à décembre..." Beat de Boul
2)
Le fric
Avec
la reconnaissance publique vient l'argent.
C'est le genre de logique libérale que chacun a intégré
profondément, dans la mesure où elle est constamment relayée
dans les médias de masse. "On
est au centre du biz, toujours les devises. Et si on vend des disques,
n'oublie pas nos royalties. Tu veux un remix : c'est 20 000 F ! Et payé
comptant, car on n'joue pas avec l'argent..." "Déballe le tapis rouge, laisse nous amasser la caillasse..." 113 Clan "Et si mon style plombe, c'est seulement pour qu'la caill' tombe..." La Brigade
"A ma gloire. Tout pour l'oseille..." Mystik "Oui, fais comme les Neg Marrons qui gagnent leur vie intelligemment : nous on ne tchatche pas pour l'argent, mais de nos jours, rien ne se fait gratuitement. Donc si tu veux nous écouter, paye cash et comptant !" Neg Marrons "Quand les fils de salopes prétendent faire du vrai Hip-Hop : l'important c'est la maille, le flouze, la pèche, la classe ! Quoi ? Appelle-moi Stomy Bugsy Montana..." Stomy Bugsy "Les re-frés Moda & Dan s'impliquent et font du fric... Je rentre à l'hôtel, tous frais payés pour ma musique..." Fabe "1 pour le show, et 2 pour le fric..." La Cliqua "J'veux palper des milliards. Par le biais d'la musique, ma rage j'vous la communique..." Dany Boss "J'ai
la manie, manie de penser à la monnaie. Quand je manie les billets,
je me sens bien. C'est mécanique dans ma tête, mes neurones font la
fête. Quand je manipule de l'argent, j'suis content. Yeah ! Yeah !"
"J'veux
qu'ma vie soit une bonté, au sommet monter, une bonne santé, d'l'argent
sans avoir à le compter..." "Qu'ça soit clair : Si j'rappe, c'est 1 pour la rue, 2 et 3 pour la maille, frère..." Lunatic "J'ai pas un flech' en poche, donc mon flow flaire le cash. Ca c'est clair ! Clair comme l'eau de roche ou clair comme les yeux d'Anne Saint-Clair. Clair que j'veux une pure caisse, de la fraîche dans mes fonds d'caisse pour que t'encaisses !" Seul 2 Seul "C'est ainsi que je vois la vie : des liasses de billets, les cartes de crédit. Plein aux as et entouré de tous mes homies. Cool, je me prélasse sous les palmiers. Mes rêves les plus fous sont devenus réalité." Koalition "On
pète le Champagne, on nique les bénéfices..." "Travaille, travaille pour concrétiser tes désirs. Nous voulons de la thune, nous voulons du cash, nous voulons de la thune. Ouais ! K par Kas, c'est cash !" K par Kas "Esprit mafieux : Oxmo Puccino, tout pour le cash et chacun pour soi..." Oxmo Puccino "Je suis de la partie pour du cash ! 1 pour le cash, 2 pour le flow..." Kid Noriega
3)
Le fétichisme de la marchandise
Les
rappeurs se font inexorablement les représentants de commerce
de l'industrie du luxe. A
cette occasion, ils font démonstration à la société
toute entière qu'ils sont de bons consommateurs, et surtout,
de bons promoteurs de la consommation. Dans
notre société de division, l'intégration par la
consommation est l'unique alternative proposée. "Avec mes versets, j'espère avoir la Mercedes et percer..." Zoxea
"J'suis l'mec qui fait du business pour avoir d'la maille. Mon objectif, avoir un compte en banque bien rempli, rouler en Mercedes, et comme passagères que des ladies..." M Group "Ca tourne et la chance part, j'rêve que d'barres et d'BM, j'suis un d'ces mômes qu'on recense pas..." Lunatic "Ca fait partie d'mon cursus, sans plus. Donc j'rêve de luxe, de Porsche, de Lexus..." Triptik "Car le Stor-K en stard-co, au volant de sa Merco, sans accros, que-cro le narco. Eh, j'suis pas un macro !" Stor-K "Avec un flow d'bico qui résonne dans tous les barios, on compte se faire du cash pour, avec, rouler en Merco. Sapé en costard à la bouche un putain d'cigare..." 113 Clan "Moi, j'suis Z.O.X.E.A, j'roulerai en limousine..." Zoxea "Je touche ma Sacem et j'investis dans un BM. Je pèze, je baise toutes les filles. Même l'homme qui met son doigt dans ton intimité a prostitué ton rap sur le Boulevard Né." Doc Gynéco
"Tout d'abord, je me vois cool dans une voiture de sport, décapotable de préférence. Le soleil chauffe à mort. Fréquentant les hôtels, les plus beaux tops models. Ah ! Pour moi la vie est belle..." Koalition "J'veux un cabrio à la place de ma Corsa, sur mon passage, qu'elles enlèvent leur corsage, leur corps pas sage...." D-Abuz "J'veux une Mercedes Benz belle comme une déesse. En signe extérieur de richesse : cuir à l'intérieur. Supérieur : vivre à mille à l'heure dans une villa, draps de satin qui caressent mes fesses tous les matins..." Kid Noriega
"Hé
! Ouais ! Je roule en cabriolet, c'est vrai... vraiment plus facile
quand le chauffeur te prend à domicile..." "Voilà
le boss Dany en star-co et en Mercedes. Enfin, ma vocation : le rap..." "Pour moi, c'est 1 pour le cash, 2 pour la frime. Weston à 6000 Francs en guise de team : Limousine, champagne millésimé, fois gras, homard, caviar pour le dîner." L'SKdrille "Moi l'as, d'la race du Hamas, qui rêve devant Dallas, les palaces, mais qu'à toujours pas d'gen-ar pour ma race..." Stor-K "Je
déguste un cocktail, Vuarnet sur la tête, signe des autographes. Que
veux-tu ? J'me la pète ! Je rentre à l'hôtel, on me file ma suite. Ce
soir j'invite mes lascars, les serveuses ont des fuites..."
4)
Les salopes
On
notera que le matérialisme sans détour dont la majorité des "rappeurs"
font preuve s'apparente instinctivement d'un mépris de la Femme. Un
des couplets du groupe Les Seuls est sans appel : Une
fois de plus, il est clair que c'est surtout la frustration vécue au
quotidien par ces "artistes" qui suinte de leurs textes.
Exposées pour vendre, les filles vues dans les clips, sur les publicités, sur les CDs et mix-tapes, sont quasi-exclusivement "sexuelles". Autrement dit, à travers ce qu'on en perçoit, il ne leur est pas reconnu d'autre nature... Elles ne sont bonnes qu'à être des "pinups" (littéralement : "qu'on accroche au mur"). Et
comme nous le rappelle la réalisatrice Catherine Breillat : Il est grave de constater que personne ne s'en émeut. Une fois de plus, les acteurs du soit-disant Hip-Hop français ne remettent pas en question l'odieuse domination patriarcale qui sévit dans la société toute entière. Ils en rajoutent même... "Comme des femmes envahissent mon agenda, sex and sun, allongées sur la vérenda..." Le Cercle "J'rappe, squatte une big villa pleine de filles..." D-Abuz
"Mais ne soit pas fâchée contre les Filles d'à côté qui dans leur classe de mannequins veulent m'attirer..." Doc Gynéco "J'veux c'qui m'revient d'la plupart des richesses où on est allés. Stomy Bugsy, c'est comme ça qu'on m'appelle. Tu sais, le beau gosse avec le costard, la coupe de champagne et le cigare. Et les rates de tes rêves, j'en ai à la pelle ! J'ai tout connu..." Stomy Bugsy "Mais qui c'est ? Bonne question, c'est JP ! J'suis un type qui trip sur les tass' et les billets. Eclate toi, laisse toi aller. Allez, ici y a pas d'lois. Y a pas d'contrôle de papiers, c'est l'pied, poupée... J'suis équipé d'un nouveau style pour appâter la maille et les filles faciles. Ecoute ça, ça arrache, attache ta ceinture. Sache que j'lache des textes pour être "Yes" dans l'futur. C'est sûr !" JP "Sanguins, on arrive à péter des vagins..." Iron Sy "Aie ! Faut qu'une tass' me suce ! Relaxe, mec... Vas-y, prend une taffe de plus !" Salif "De retour de New York City, elle veut mon Karl Kany. J'adore son boule et son torse, mais pas ses sales manies." Différent Teep
"Je prends du gen-ar, j'ai mis ta rate sur le trottoir. On ne peut te la rendre, elle nous rapporte des milliards ! Ne me considère pas comme le pantin du rap actuel... (sic !)" La Clinique "On aurait dû préter l'oreille à Stomy Bugsy, le lapin-gangster aux mille et une raclis. / Je vous en aurai prèté 2-3 pour la nuit..." Les Rongeurs & Stomy Bugsy "J'ai passé la journée avec une meuf terrible : une bitch de magazine beaucoup plus bonne que la plus bonne de tes copines..." NTM "Y a d'la ratte, c'est pour les bicos. Y a d'la négresse pour les négros..." Sniper "Quoi qu'on dise sur toi, ma salope à moi... Quoi qu'on dise sur toi, j'suis love de toi." Doc Gynéco "J'aime les tass' mais j'veux pas dire à mes gosses qu'elles aiment les grosses voitures et les grosses queues..." Lunatic
5)
Le fantasme de la grande délinquance
Il est intéressant de noter qu'il y a deux images qui alimentent l'imagination des rappeurs, ces authentiques "représentants des jeunes de quartiers" comme ils aiment tous à s'enorgueillir. La
première est, comme nous l'avons vu, la reconnaissance médiatique
à tout prix, qu'elle soit avouée (pour les "faux")
ou refoulée (pour les "vrais").
Qui s'étonnera encore qu'il y ait eu un soin particulier à
la véhiculation de ces modèles (criminels mais tellement
fascinants) au cinéma et à la télévision
? "Si
je dois buter, tuer pour l'fric, si je dois tirer, flinguer pour ma
clique, s'il faut choisir entre toi et moi : tu sais c'que j'peux t'faire,
Black Mafia, tu sais quoi pas m'faire !" "Moi et mes frères, on est unis comme la mafia..." Kid Noriega "Façon fiction, j'me vois Scareface dans un grand pavillon. Mes gars sont là, ma fortune s'estime à des millions. J'ai trop d'fric, donc pour les femmes, j'suis l'plus mignon. Costume trois pièces, téléphone portable pour livraison du trésor : dans ce trip on m'appelle Patron..." L'SKdrille "Ma tronche sur les biffetons : J'aimerai bien être le Parrain et t'appeler fiston." Lunatic "Mon papa à moi est un gangster, il fait partie du Ministère Amer..." Stomy Bugsy
"Comme dit le dicton : Quand on tire, on n'raconte pas sa vie. J'mets une balle dans l'barillet et pécho une liasse de llet-bi. Mon gun brille et j'vais en ville voir mon gang, les Young Guns, affuté comme les 12 mercenaires parés pour l'big bang !" Tequila et Scalo "J'ai plein d'liasses de billets. L'gilet pare-balles, j'espère qu'il y est. Quiconque passe, sur sa tête j'vide mon barillet." L'SKdrille "Tant aurais voulu être gangster..." J-Mi "Clic, clic. Je n'ai plus de balles. J'ai vidé mon chargeur, je me sens mal... Clic, clic. Je n'ai plus de balles. J'ai vidé mon chargeur, je me sens mal... Clic, clic. Je n'ai plus de balles. J'ai vidé mon chargeur, je me sens mal... Clic, clic. Je n'ai plus de balles. J'ai vidé mon chargeur, je me sens mal..." Polo "Hey ! Vomblard ! J'ai rancard avec Nanar. Appelle les chtars', v'la Bruno Escobar ! / Touché mais pas coulé, merci d'l'invitation..." Doc Gynéco & Bernard Tapie Le plus cyniquement lucide est peut-être Oxmo Puccino, lui qui a fait du mythe du Parrain son fonds de commerce, et qui l'admet sans détour dans un featuring sur l'album du D-Abuz System : "J'aime parler de guns et d'crimes. Parce que ce fut un premier critère d'frime. Maintenant c'est ma plume : plus de thunes et moins d'flics (...) Des mixtapes aux Disques d'or..."
6)
La religion
Récemment, on pouvait lire un article du journal Le Monde (du 28 septembre 2001) intitulé "Les rappeurs musulmans rejettent la radicalisation de l'islam". Tentant
de canaliser l'état d'esprit de la jeunesse française
issue de l'immigration (au moins celle d'obédience islamique)
à l'annonce des "attentats contre le monde occidental",
le consensus général fit que l'on se servit une fois de
plus de nos très chers représentants-marionnettes de service
: Le message a le mérite de ne pas être voilé. Les rappeurs concernés par cette série d'entretiens (Disiz La Peste, Kery James, Wallen, les NAP, Sat de la Fonky Family) font office de garants du maintien de l'ordre mondial (et moral) à travers leur religion. Un exemple de plus attestant qu'après avoir érigé en "vedettes" les plus dociles, on manipule allègrement leur "représentativité".
Chacun a pu constater que la plupart des rappeurs-business n'oublie jamais de s'exprimer sur un ton prosélyte (au détour d'une dédicace, d'un interview ou d'un morceau) pour affirmer sa foi indéfectible en Dieu. Ce
que la chanson de variété, aux propos déjà très conservateurs, nous
avait épargné, les marchands du rap l'imposent : Ils revendiquent ce
traditionalisme par lequel l'individu doit se soumettre à l'ordre éminemment
archaïque fabriqué par la religion et son cortège d'abominations tristement
trop actuel. Puisque
le mysticisme, l'ethnisme et le communautarisme se combinent avec l'individualisme
utilitariste et la destruction de la liberté politique dans les objectifs
du Capitalisme en guerre économique, les rappeurs du fric n'ont plus
qu'à clamer le respect de ces valeurs religieuses qui ont si bien su
tenir en laisse leurs ancêtres. Voici une illustration de plus par ces quelques extraits d'interventions rapothéologiques : "On taffe dur, défend nos principes, et ça c'est sûr, sur lesquels on s'accroche pour tenir le coup. Et merci encore à Dieu qui sans cesse veille sur moi, en ce qui m'concerne me donne la force pour aller jusqu'au bout." Fidel Escroc "Prêt à foutre le feu... Oh mon Dieu miséricordieux !" Monsieur R
"Merci
Dieu, juste pour être en vie..." "J'me mets à genoux seulement pour prier." Radikal Kicker "Chacun pour soi, et Dieu pour tous." Proff "Mes rêves sont hantés, par ta vision j'suis tentée maintes et maintes fois d'pleurer, d'crier à Dieu pourquoi c'est lui qu't'as pris ? Prier c'est mieux que désespérer..." Lady Laistee "Au nom du Père, du fils et du Saint Esprit..." L'Ame du Razwar "Dieu aime ceux qui s'aiment, ceux qui sèment l'amour à n'importe quelle heure..." Mystik "Un souhait, un voeu, une clef, une porte : rendre les miens heureux... Allah fait qu'on s'en sorte ! Le pognon, l'million... J'songe, ce rêve me ronge..." Les Seuls "Saddam,
tu ne me feras pas croire à moi, que tu fais la prière
en dehors des caméras. Sais-tu au moins qu'exhiber son portrait
dans tous les coins est interdit par notre livre saint : le Coran." "Quand je regarde autour de moi et que je vois que l'indifférence et l'égoïsme tue parfois, alors je prie le Seigneur, et je garde la foi. Et je me dis qu'après la pluie, le beau temps viendra..." Schkoonk "T'as beau avoir plein d'potes, mais t'as qu'une mère et une seule religion, un seul Dieu, à qui tu peux te confier comme à son enfant. Tends tes mains vers lui et ne lui demande rien de matériel, juste qu'il protège ta famille et les gens qu't'aimes loin des problèmes..." 2 Trepides
7)
La médiatisation
Considérant
la puissance des médias audio-visuels, chacun constate bien à
quel point l'offre crée la demande. Le matraquage multi-support
fait ses preuves depuis suffisamment de temps, écoulant toujours
plus de "produits-marketing"... Dans
ce contexte, le "Disque d'Or" tant convoité vient logiquement
matérialiser la réussite commerciale du rappeur. Comme
le confirme sans complexes D-Abuz, "Si
tu piges pas : dehors ! Dis pas qu'j'dors, j'taffe pour les disques
d'or..."
Ou bien même les jeunes rappeurs Tequilla (frère de Calbo et Lino d'Arsenïk) et Scalo en réponse à la question du Magazine spécialisé Radikal (n°27) leur demandant s'ils ont des rêves : "Ce serait peut-être avoir des disques d'or (...) Quand tu rappes, c'est clair qu'il y a une envie d'argent. Maintenant tu vois des gens qui se font du fric et tu te dis : Pourquoi lui il rappe, il a de l'argent et moi j'en aurais pas ?" C'est
bien triste. Car les rappeurs, une fois la notoriété acquise
(on peut même dire "construite") sont prêts à
beaucoup pour s'enrichir un peu plus.
Finalement,
quand on écoute bien les rappeurs, on comprend mieux pourquoi
ces "artistes"
sont soutenus avec tant d'enthousiasme par de grandes sociétés telles
que Universal, Sony, EMI, Warner, BMG ou Virgin... Non
seulement leurs refrains appuient un type de gestion de la société (assurément
inégalitaire) qui assure la bonne succession de leurs affaires conjointes,
mais en plus ils accréditent l'idée d'une économie
généreuse qui sait partager les ressources générales
avec tout le monde, même avec les populations habituellement les
plus méprisées. Une façon de plus de nier la répression
qui agît tous les jours dans les quartiers...
Rappellons-nous
du très réaliste appel à la modération du
directeur du FBI Edgar Hoover à
une époque, les années 60, où les forces révolutionnaires
issues des masses exploitées menaçaient de l'intérieur
l'équilibre de la nation américaine : On saura voir qu'il annonçait déjà le nouveau mode de récupération des jeunes afro-américains : l'accès de quelques-uns à la liberté et aux richesses de ce bas monde en échange d'une exemplarité, d'un rôle consensuel prônant la paix sociale et acceptant la guerre économique. Et
c'est bien cette même tendance qui déferle en France depuis
une dizaine d'années.
La
boucle est bouclée. Les intérêts sont partagés.
Tout l'équilibre de l'économie en dépend. A la
lueur de tous ces éléments, la réflexion de l'intellectuel
américain Noam Chomsky résume distinctement la situation
:
Face
à ce mépris explicite, comment se reconnaître
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